Paroles d’experts
Erable du Japon, camélia, hortensia, et votre jardin exulte à l’automne
Savez-vous ce que l’érable du Japon, le camélia et l’hortensia ont en commun ?
Ils sont membres de la famille des plantes de terre de bruyère et ils offrent une explosion de couleurs à l’automne.
Tels des chefs d’orchestre, nos experts Eric Lerda, Jardins Terre de Provence et Stéphane Amat, Pépinière des Aspres, les ont mis en musique dans un massif de plantes de terre de bruyère. Ils nous disent tout sur les variétés, comment et où les planter.
Pourquoi avoir choisi les plantes de terre de bruyère pour le jardin en automne ?
Eric : Elles sont magnifiques à cette époque, alors que le reste du jardin est plutôt fatigué à la sortie de l’été. Leurs feuilles offrent un dégradé qui va du rouge au jaune, avec du vert profond. On a aussi des baies rouge vif, et des fleurs éclatantes pendant l’hiver.
Où est-ce que je peux créer un massif avec des plantes de terre de bruyère ?
Eric : Sur la façade Nord de la maison, une terrasse à l’ombre ou sous des pins. Le massif comble avantageusement les zones sans soleil où nos plantes méditerranéennes poussent mal.
Les plantes ont donc besoin d’ombre, quoi d’autre ?
Eric : Comme le nom l’indique, elles ont besoin d’une terre de bruyère, typiquement acide – celle qu’on trouve au naturel au pied des pins par exemple. Notre sol sur la côte d’Azur, à tendance calcaire, n’est pas idéal. Avant de planter, il faut donc creuser une fosse et la tapisser d’un géotextile ou d’une bâche anti-rhizomes pour isoler du sol existant. Une fois la fosse creusée, on la comble de terre de bruyère, de sable et de tourbe. On peut ensuite planter, et c’est vraiment sympa de panacher plusieurs essences – arbustes, arbres, plantes couvre-sol - pour alterner les couleurs, les formes et feuillages.
Stéphane : Mes clients ont un a priori négatif sur les plantes de terre de bruyère, parce qu’elles ne correspondent pas à notre région. Pour autant nous avons fourni des camélias pour un jardin au Cap d’Antibes ; nous sommes en bord de mer, il y a des embruns, de la chaleur et du vent. Ils poussent à merveille, dans une zone abritée du jardin.
Stéphane, quelle est votre plante coup-de-cœur pour la terre de bruyère ?
Stéphane : J’ai un gros faible pour le camélia, et j’ai placé deux plants en arrière-plan. Il donne des fleurs éclatantes avec une palette allant blanc au rouge en fonction de la variété pendant les mois d’hiver pour les variétés précoces. Son feuillage est persistant. Je m’approvisionne chez un producteur situé au bord du lac Majeur et spécialisé dans les plantes de terre de bruyère. Ses plantes sont d’excellente qualité parce qu’elles poussent à leur rythme, sans être poussées artificiellement.
Je vois aussi un érable…
Stéphane : L’acer, ou érable nous apparait comme une pièce maîtresse dans ce type de massif. J’ai choisi une variété rouge-sang, l’acer palmatum bloodgood, pour sa couleur chaude qu’on apprécie particulièrement à l’automne. Il est à croissance lente et mesurera 6 mètres au maximum – on peut le planter en pot. Sa feuille est grande et ciselée, et elle est caduque.
L’arbuste à droite de l’érable a beaucoup d’allure aussi …
Stéphane : c’est un nandina, ou bambou sacré – à ne pas confondre avec le bambou que l’on redoute pour ses rhizomes. Il offre une esthétique asiatique et zen, avec des branches élancées et fines. Ses jeunes feuilles sont rouges, puis elles virent au vert en été, et au pourpre à l’automne. A l’automne, il produit de superbes baies rouge vif.
Qu’est-ce que vous recommandez en plantes couvre-sol ?
Stéphane : J’aime beaucoup l’heuchère, qu’on a placé à l’avant du massif. C’est une plante vivace qui gagne à être connue ! Il y a plein de couleurs, du rouge au vert. Les feuilles sont veinées, avec du relief, et elles sont particulièrement belles en automne et en hiver. L’heuchère apprécie la fraîcheur et se prête à merveille à la terre de bruyère.
Nous avons aussi placé le mahonia confusa Nara Hiri du Japon, avec ses branches argentées graphiques et aériennes. Résistant au froid, il produit des jolies fleurs jaunes semblable au mimosa en octobre-décembre. C’est aussi une plante utile : ses fleurs fanées sont extrêmement prisées des oiseaux. A gauche, vous voyez aussi hydrangea quercifolia ou hortensia à feuille de chêne, qui prend une jolie couleur cuivrée à l’automne. Il nécessite un sol riche et ses panicules de fleurs ont une forme conique unique et rafraichissante par rapport aux classiques orthensias.
Une fois le massif en place, que faut-il faire pour qu’il s’épanouisse ?
Eric : A l’automne, je recommande d’amender le sol et de faire un apport de terre de bruyère pour palier au tassement. Au printemps, on peut ajouter de l’engrais. Côté arrosage, je recommande un goutte-à-goutte pourque le sol reste humide et frais. Pour limiter le désherbage et l’évaporation de l’eau et cacher l’arrosage automatique, le paillage a toute sa place ici. J’ai une préférence pour la fibre de peuplier, légère, acide pour notre massif, et de couleur claire. Elle est très esthétique. Il y a aussi le BRF ou bois raméal fragmenté, moins coûteux et qui s’apparente à un humus forestier. Côté entretien, on peut tailler les hortensias en fin de floraison. On peut aussi laisser les feuilles au sol, qui se transforment en humus en se dégradant.